Vous vous souvenez, à l'ouverture de Facebook, lorsqu'on complétait son profil pour la première fois ? On nous demandait : "situation amoureuse ?". Sur le coup, je me suis demandée comment je devais y répondre. J'étais en école de commerce, je faisais partie du BDE, j'avais une vie bien remplie et une situation amoureuse pas vraiment déterminée.
Du coup, fallait-il que je réponde à cette question ? A cette époque (c’était en 2007, donc il y a 13 ans, #jesuisvieille), cette situation pouvait potentiellement changer du jour au lendemain. "En couple". "Célibataire". "En couple". "C'est compliqué". Bon, autant ne rien préciser. C'est donc ce que j'ai choisi de faire. Et je crois que j'ai bien fait.
"Mais c’est quoi ta situation amoureuse ?"
Alors quand finalement notre situation amoureuse est définitive. Quand finalement on a choisi une personne unique avec qui construire notre vie. Cette question n’a plus à être posée. Oui mais quand on galère ? Quand on ne rencontre personne ? Quand on se rend compte qu’il faut d’abord travailler sur soi avant de s’engager à deux ? Quand on a compris qu’on ne s’aimait pas… et donc, qu’on ne pouvait pas demander à un homme de nous aimer. A ce moment précis, notre situation amoureuse a moins d’importance. Mais pour arriver à faire ce chemin, il faut une sacrée liberté. On vit dans un monde où la situation amoureuse est sur-valorisée. Et quand on est seule, quand on est célibataire, et bien notre monde peut nous faire croire que nous n'avons pas de valeur.
Aujourd'hui, quand vous rencontrez quelqu'un qui vous pose la question de votre situation amoureuse, assez vite il attend votre réponse pour vous mettre dans une case.
En couple :
pas intéressante
intéressante
Célibataire :
pas intéressante
intéressante
(à vous de cocher)
C'est un peu comme si vous aviez 38 ans et qu'un homme, avec qui vous parlez en soirée, quitte la conversation à partir du moment où il connaît votre âge. Comme s'il y avait quelque chose de rédhibitoire. Comme si, dans son esprit, quelque chose l'obligeait à commettre cette impolitesse parce qu’apparemment, vous êtes trop âgée.
Ou bien lorsqu’au cours d’un dîner, on demande à une femme son métier, et qu’elle répond : "Je m’occupe de mes enfants". A cette simple réponse, la table change de sujet, ne sait plus quoi dire ; comme si le fait de ne pas travailler donnait moins de valeur à cette femme. Et bien non, elle s’appelle Laure, elle est très douée en peinture, adore la déco, sait mieux que quiconque préparer les cafés frappés, et adore faire la compta de son homme.
"Je suis célibataire", "je suis en couple", "je suis mariée", "je suis divorcée"... oui, mais vous êtes surtout Juliette, Aline, et Margaux non ? Pourquoi a-t-on toujours besoin de se définir par rapport à sa situation amoureuse ? Vous êtes-vous déjà demandée ce que ça fait à celles qui n'ont pas de vie amoureuse ? A celles qui ne sont pas bien dans leur vie affective ? A celles qui sont enfermées dans leur couple ? A celles qui, chaque jour, se demandent quand est-ce qu'elles vont rencontrer quelqu'un ? A celles qui répondront : "Je suis célibataire" et à qui vous direz : "Ah bon ?! Toi ? Franchement, je ne comprends pas ! C’est sûr, ça ne vas pas durer longtemps ! " Et pourtant, pour elle, ça dure depuis un certain temps... et ça n'avance pas. Ce n'est pas parce que vous êtes célibataire, que vous êtes moins intéressante, moins admirable, moins passionnante.
Je crois surtout que vous êtes vous. Par exemple moi, peu importe ma situation amoureuse. Je suis Marie-Liesse. Je suis passionnée par les gens, par "la femme", par la vie. J'aime quand il y a du soleil et qu'il fait très chaud. J'adore l'odeur de l'iode, et le bruit des vagues (#jesuisbretonne). Et j'aime, mais j'aime vraiment, mes amis, boire des coups, les belles choses, refaire le monde, faire des projets, voyager, marcher, chiner dans des brocantes, découvrir des villages de Provence, naviguer, créer du lien. J'aime ça, et peu importante avec qui. Et j’aimerai ça toute ma vie. Que je sois en couple ou célibataire.
C’est ça qui est passionnant quand on rencontre quelqu’un, c’est de découvrir ce qui se cache au tréfonds de son être. C’est capter ce qui l’habite. C’est découvrir son monde. Et ce n’est pas sa situation amoureuse, son statut, qui doit tout de suite le mettre dans un tiroir. Les gens qui nous entourent ont tellement à nous apprendre, tellement à partager, tellement à nous faire découvrir.
Pendant une partie de ma vie, alors que j'étais célibataire, j’enchaînais les rencontres, les nouvelles amitiés, à zapper en permanence pour tenter de trouver enfin "l'heureux élu". Dans cette situation, je ne rencontrais pas vraiment les personnes. Je vérifiais simplement qu'ils correspondent ou non, à une check-list que j'avais prédéterminée dans ma tête pour pouvoir rencontrer le plus vite possible quelqu'un. C'est drôle mais ça n'a pas vraiment marché comme stratégie.
En agissant comme ça, j'ai mis de côté des amis de longue date qui sont mariés, qui ont des enfants, que je trouvais "sans intérêt". C'est amusant au début. On enchaîne les rencontres. On se fait plein de potes. On jouit de la vie. Oui, mais dans les moments de détresses, dans les difficultés, dans les changements de vie, quand on a besoin d'une oreille attentive, on s'appuie sur qui ?
J'ai réalisé que l'amitié n'avait pas de prix et surtout qu'elle devait s'entretenir. Que les gens ne sont pas à mettre à la poubelle. Qu'ils ont tous un réel intérêt, surtout quand on a partagé avec eux des moments forts. Et c’est le cas quand on est en couple, marié, parent, divorcé ou célibataire.
La semaine dernière, j’étais à Paris pour le boulot. J’avais mes soirées prises pour bosser, mais mes journées étaient assez dispo. Je m’y suis prise à la dernière minute mais j’ai tenté. J’ai demandé à une amie de coeur, qui vient d'accoucher de sa quatrième, qui habite en banlieue si elle était dispo le lendemain pour un dej. Et là, grande surprise : oui. Se retrouver simplement comme avant, c’était ça mon désir. Le plus important, c’est nous. Nos personnes. Notre amitié. Ce qui nous fait vibrer. Ce n’est pas le fait qu’on soit sur des chemins bien différents. Au contraire, s’élever avec des amis qui ont une vie différente, c’est bien plus riche qu’avec ceux qui ont la même vie que nous. C’est la richesse de notre monde ces différences. C’est ce qui donne des couleurs. C’est la coloration de notre bonheur.
Aujourd’hui, j’ai décidé de remettre mes amitiés au coeur de ma vie. Arrêter à tout prix de me gaver de rencontres, de zapper dès qu’une personne ne "correspond pas" à mes critères. J’ai choisi de redonner de la valeur à l’amitié. J’ai décidé que je n’allais pas attendre d’avoir 50 ans pour passer du temps avec mes amis. Pour construire des amitiés sincères. Je veux être une femme avec des amis de qualité qui peuvent compter sur moi, et sur qui je peux compter. Sans gêne et en toute simplicité.
Remettons nos amitiés au coeur de nos vies, et ne nous limitons pas à la situation amoureuse de ceux qui nous entourent.
Et c’est le cas aussi pour les vacances ! Quand on organise nos vacances il y a des phrases que nous lançons, qui ferment des portes et qui blessent nos amis. Parce qu’ils n’ont pas la situation amoureuse qui "convient", on les met de côté. Et du coup on pense "à leur place", que ça ne vas pas être drôle, qu’ils vont s’ennuyer. Pourquoi ne choisirions nous pas d’arrêter de penser à la place des autres, et de simplement leur poser la question ?
Par exemple quand on entend "Tu pourras venir en vacances avec nous quand tu auras un mec". Ah bon, parce que tant que je n'ai pas de mec je ne suis pas intéressante ? Je n'ai pas le droit à votre attention ? Je suis moins drôle, moins importante, moins attirante, moins passionnante ? Ah je ne savais pas qu'un mec donnait autant d'atouts. Dans ce cas je peux peut-être prendre le premier venu et comme ça j'aurai l'honneur de partir en vacances avec vous ?
Ou bien quand on dit : "Ah désolée, c’est une semaine de célib, comme t’es maquée tu peux pas venir". Ah parce que, quand on change de situation amoureuse, on doit aussi changer de groupe d’amis ? On doit changer de clan ? Revenir à zéro et marquer un recommencement dans ses amitiés ? Mais ce n’est pas parce que je suis maquée que j’ai moins de valeur. Ce n’est pas parce que je commence une histoire que je dois passer dans la catégorie "inintéressante". Je dois faire quoi ? Rompre pour être certaine de partir en vacances avec vous ? Mais dans ce cas-là, ce n’est pas de l’amitié si on ne se porte pas vers le haut.
Laissons nos amis choisir ! S’ils veulent venir en vacances avec vous alors qu’ils sont les seules célibataires, et bien ils ont le droit ! Ça peut leur faire du bien ! Je ne dis pas que c’est facile, mais je crois qu’avec ça, nos amitiés et nos relations seront plus belles.
Je vous propose à partir d’aujourd'hui, de ne pas mettre les gens dans des cases, mais de choisir que chaque personne a une réelle valeur, un réel interêt. Que chaque personne offre au monde quelque chose de bon. Et que nos amis, collègues ou soeurs ne se définissent pas en fonction de leur situation amoureuse. Qu’ils n’ont pas "raté" leur vie s’ils sont célibataires, qu’ils n’ont pas "raté" leur vie s’ils se sont mariés jeunes. Nos vies sont toutes belles, et uniques. Et ensemble nous pouvons choisir d’apporter plus de sérénité dans nos relations en stoppant les cloisonnements et en vivant simplement notre vie de manière plus légère.
Et vous, est-ce que vous vous sentez libre face à cette question ? Est-ce que vous avez l’impression de devoir cacher votre situation amoureuse par crainte, peur ou honte ?
♥
Marie-Liesse
Comments