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Je suis triste, mais je n’en parle pas.



Il y a des douleurs très présentes. Des douleurs que nous sommes seules à comprendre. Des douleurs si profondément ancrées, que très souvent, nous ne pouvons pas les partager. Pensant que cela va passer pour de la plainte. Pensant que les gens n’en ont rien à faire. Pensant aussi qu’on pourrait être jugé. Et puis pensant que de toute façon ça ne changera rien de le dire, de le partager, et d’en parler.


Et donc, on se ratatine dans notre douleur, on se ratatine dans cette souffrance, et on s’enferme sur nous-même. Car "non vraiment, ça ne sert à rien d’en parler".


Ça me fait penser à tous ces secrets de famille qui ont blessé des générations et des familles entières. Des secrets qui sont tellement lourds à porter qu’ils ont aujourd’hui un impact énorme plusieurs années, plusieurs générations après. Oui, le fait de ne pas dire, de cacher les choses, d’empêcher le dialogue et d’éviter de prononcer des mots, amène de profonds et durables MAUX.


Je prends un exemple.

L’année dernière, j’ai passé plusieurs mois compliqués. Avec une envie furieuse d’avancer, mais avec une réalité présente qui me faisait échouer à chaque pas : j’étais rongée par la tristesse. Et donc j’avançais, je m’écroulais et j’avais l’impression systématique de revenir en arrière, de devoir recommencer au début. J’ai donc passé plusieurs mois à m’enfermer sur moi-même, sur ma douleur, sur mon manque, sur mon désir, sur mon imaginaire… et à rester enfermée dans ma tête. À rester seule avec "ma merde".


Et puis un jour, une amie m’a bousculé, et m’a dit : "en fait Marie-Liesse ça se voit que tu ne vas pas bien, ça se voit que tu es triste, ça se voit que c’est dur. Mais si tu ne le dis pas, si tu n’en parles pas, si tu ne fais même pas confiance à tes amis, et à ceux qui t’entourent… eh bien tu resteras là où tu es, et tu stagneras". La claque.

Je n’aime pas parler de moi, je n’aime pas me plaindre, je n’aime pas dire quand ça ne va pas, ou plutôt je ne sais pas dire quand ça ne va pas. Je ne sais pas à qui en parler, j’ai peur de passer pour une nana qui ne va pas bien, qui est tout le temps triste, qui est tout le temps en train de faire la tête…


Sauf qu’après cette discussion, j’ai appris à dire. À la question, "comment vas-tu ?" j’ai appris à dire "eh bien ça ne va pas. C’est dur, je suis triste, j’ai l’impression de stagner…". Et ainsi, j’ai posé des mots. Et vous savez quoi ? Eh bien, mon moral est remonté ultra vite !

J’ai osé exister, dire ce qui m’habitait, et les personnes qui étaient là m’ont écouté, encouragé et réconforté. Je n’étais plus seule à vivre ma douleur, je la partageais. Alors elle m’appartenait toujours, mais j’ai accepté qu’on prenne soin de moi. Et je peux vous dire que ça m’a sauvé !


Aussi, avec cette expérience, j’ai compris qu’il fallait parler. Même quand on a peur que ça "emmerde" les gens. Car les personnes qui vous entourent sont juste trop contentes de pouvoir être là. De savoir qu’une attention particulière ou un coup de main sera énormément apprécié. Et là, vous n’êtes plus seule dans votre douleur, vous la partagez. Et cette douleur qui était si forte, comme vous l’avez partagé, les gens repartent tous avec un petit morceau… et elle devient beaucoup moins lourde à porter !

Alors ça vaut le coup !


Je vous donne un autre exemple.

Cet été, une de mes nièces m’a appelé pour me dire qu’on lui avait détecté un cancer (elle va sourire de lire que je parle d’elle). Elle m’a appelé pour me partager cette douleur qui venait de l’atteindre en plein cœur. Et quand je l’ai eu au téléphone, le sol était en train de s’ouvrir sous mes pieds. J’ai reçu un vrai coup de massue. Elle m’a tout raconté, m’a tout expliqué, on a beaucoup parlé, mais je n’ai pas pleuré, j’ai retenu mes larmes. Je me disais : "Je dois être forte pour elle, je n’ai pas le droit de flancher, je n’ai pas le droit de montrer ma douleur, car c’est elle qui souffre". Et puis au bout d’un moment, dans notre coup de fil, j’ai fini par lâcher que j’étais très triste, et que j’avais envie de pleurer. Et là elle m’a dit "Mais je préfère savoir que vous pleurez avec moi, je préfère savoir que je partage cette épreuve avec vous tous". Comme si le fait de partager sa tristesse, lui retirait un bout de sa douleur.


Vous voyez, les gens qui nous entourent ont besoin de sentir ce qui se passe en vous. Surtout qu’on ne peut pas "faire croire" aux gens que tout va bien. Car la vie est faite de beaucoup de joies, mais aussi de beaucoup de douleurs. Et il est impératif de partager au monde les 2 ! Vous ne pouvez pas garder les douleurs et uniquement partager les joies. Car dans ce cas-là, il manque toute une partie de vous. Et les gens n’ont qu’un désir, c’est d’accéder à votre entièreté ! Si vous gardez vos fragilités, vos doutes et vos épreuves pour vous… alors personne n’arrivera à accéder à votre unicité ! Vos douleurs, blessures et déceptions font partie de vous !


Maintenant, vous savez ce que vous avez à faire. Osez simplement ouvrir vos cœurs. Osez surtout vous livrer aux autres, même à ceux que vous connaissez peu. Car c’est en partageant que vous serez entièrement vous, et qu’on pourra vous aimer pleinement !

Marie-Liesse






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