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"Il m'aime malgré ma maladie"


Sortir du célibat malgré sa maladie

Voici un nouveau portrait de femme que je suis heureuse de vous partager, car il répond à une question posée par l'une d'entre vous : "Comment vivre son célibat alors qu'on est malade ?". Et c'est avec beaucoup d'émotions que je vous partage le portrait de Bénédicte. Elle est malade depuis de nombreuses années, et a choisi de vivre sa vie à 100%, pour arriver à construire un couple solide. Je lui laisse la parole...



Je m’appelle Bénédicte et je suis mariée à Benoît.

Pendant 22 ans, j’ai vécu avec une maladie chronique évolutive invisible. Et pendant pas mal de temps, j’ai été célibataire. Mais je refusais de faire un lien entre mon célibat et ma maladie.

Pour moi, cette période de célibat a été parfois douloureuse comme toute période de célibat un peu longue. Mais pendant toutes ces années, j’en ai profité pour beaucoup voyager, faire des projets, rencontrer du monde. Bref, j’ai essayé d’enrichir ma vie. Et ce, même si j’avais un suivi médical assez rapproché dans plusieurs disciplines, des examens, des prises de sang, des interventions régulières… Je n’ai pas laissé ma maladie empiéter sur mes projets personnels. J’ai toujours voulu la tenir à distance. Mes amis savaient que j’avais des problèmes de santé, mais sans plus de détails. Peu de personnes connaissaient les contraintes de mon quotidien qui augmentaient au fur et à mesure que la maladie évoluait. Je ne l’évoquais qu’en de rares occasions, car je ne voulais pas qu’on me définisse comme malade. Pourtant, j’ai une mère qui m’a toujours vu sous le prisme de cette maladie, me disant encore à 35 ans de faire attention, de ne pas prendre de risques, de bien prendre mes médicaments, etc. D’accord, ma maladie est là, fait partie de moi, mais elle ne doit pas m’empêcher de vivre ma vie ! Je ne suis pas ma maladie, je suis Bénédicte !

Un jour, alors que je déménageais dans une ville voisine pour commencer un nouveau boulot, j’ai demandé à des copains de venir m’aider pour mon déménagement. À la fin de la journée, je leur ai dit qu’ils étaient les bienvenus dans mon futur appart, et que je leur ferai découvrir avec grand plaisir ma nouvelle ville.


Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Benoît, qui était venu m’aider, m’a rapidement fait signe. Il était en transition professionnelle donc assez disponible. Pourtant, même si nous nous connaissions un peu, je ne l’avais pas du tout remarqué, car on se côtoyait essentiellement en groupe, et lui est de nature assez réservé alors que je suis plutôt extravertie. Il est donc venu me rendre visite régulièrement, m’invitant à prendre des verres ou à dîner. Et à force de passer du temps avec lui, parce qu’il a été moteur, j’ai commencé à m’intéresser à lui. Je me disais que c’était une belle occasion de le connaître vraiment parce que finalement on se connaissait assez peu.

Comme j’étais en confiance, que je sentais qu’il s’intéressait à moi, eh bien j’ai commencé à lui parler de ma maladie. Je voulais vraiment qu’il connaisse cette partie-là de moi, car au fur et à mesure, notre relation a commencé à devenir ambiguë. Je voulais qu’il se sente vraiment libre, et pour être libre, il faut connaître. Sans minimiser, je lui ai parlé de ma maladie comme j’ai abordé d’autres sujets me concernant. J’avais quand même un peu peur de sa réaction. Mais il n’a pas montré de réactions particulières. Ça a été l’occasion de discussions plus profondes. Et quelque temps après, il m’a déclaré sa flamme.

Notre relation a débuté à distance : j’habitais dans le sud de la France, et lui venait de s'envoler pour Arabie Saoudite ! Ça paraissait un peu fou de démarrer une histoire aussi éloignée ! Au début, ça m’a fait peur. J’avais peur de souffrir. Et puis je me suis jetée à l’eau, car je me suis dit qu’il fallait forcément prendre un risque et se donner une chance, si j’avais envie d’avancer. On a donc énormément communiqué par lettre. Lui étant dans un pays compliqué politiquement aussi, j’écrivais mes lettres, je les prenais en photo et lui envoyais par mail. Et dès qu’il rentrait, je lui donnais les lettres papiers. Et lui, m’envoyait des lettres par l’intermédiaire de ses collègues qui rentraient en France.

Je garde un souvenir ému de cette période ! On s’est beaucoup livré dans nos lettres ! Ces échanges, cette distance, nous ont permis de vraiment nous découvrir et de ne pas entrer dans une relation physique trop rapidement. Et puis au bout de quelques mois, il a arrêté son contrat pour reprendre une année d’étude en France. Il a donc débarqué dans une autre ville que la mienne, mais c’était déjà bien plus facile de se voir, de communiquer.

Alors qu’on avançait dans notre histoire, je me posais de plus en plus de questions, j’avais clairement peur de l’engagement. Car à 35 ans, une relation qui dure, ça met la pression. Et je ne voulais pas me planter ! Mon problème, c’est que je suis hyper indécise de nature. Alors quand il s’agit de réfléchir au choix d’une vie !


Pour m’aider, une amie m’a dit très justement : « As-tu un point bloquant le concernant ? ». Non, je n’avais pas de point bloquant. Juste des questions qui n’avaient pas de réponse.


Alors j’ai continué.


On faisait régulièrement le point avec Benoît sur nous. Ça se passait bien, on avançait dans notre connaissance mutuelle. Et on se disait : "ok, on continue !”. Et on avançait comme ça sans pression. Lui était très solide sur ses sentiments, mais ne me mettait absolument aucune pression. Je me suis bien appuyée sur sa solidité et ma liberté.


Il partageait donc aussi un peu plus les contraintes liées à ma santé. C’est un sujet qu’on abordait. Il était très à l’écoute. Il est même venu avec moi à un rendez-vous médical pour pouvoir poser toutes les questions au médecin et mieux comprendre. Il avait ainsi toutes les infos.


En parallèle, sans parler concrètement de mariage, on avançait ensemble en lisant des bouquins sur le couple, mais on gardait toujours cette liberté. Et ça a été de bons supports pour aborder certains sujets notamment les enfants.

En effet, les médecins ne me donnaient pas de réponse claire sur la possibilité d’en avoir. Alors un jour, je lui ai dit : « Je te le dis, si tu veux une famille nombreuse, ce ne sera pas forcément avec moi. Pour moi, ça peut être compliqué ». Sa réponse a été très simple, « Mais non, c’est toi que j’aime ! Évidemment, ce serait dur, mais c’est toi que j’aime ! ». Wahou, ça a été une énorme preuve d’amour. On a beaucoup pleuré ! Je savais qu'il était là. Et c’est à ce moment-là, que je me suis vraiment sentie aimée pour ce que je suis ! Je savais que j’avais en face de moi, un mec solide qui savait où il allait.

Quelques mois après, il m’a demandé en mariage. J’ai accepté de ne pas tout maîtriser, de ne pas avoir toutes mes réponses. C’était parti pour l’aventure !


Quatre mois après notre mariage, on a passé notre premier Noël à l’hôpital. J’ai été hospitalisée pendant plusieurs semaines. Ça a donné le ton des mois qui ont suivi. Pour ajouter de la difficulté, Benoît venait de trouver un travail dans le Nord, alors que j’étais hospitalisée dans le sud.

Je l’avais bien prévenu sur ma santé, mais je ne m’attendais pas du tout à une dégradation si rapide. Il m’a vu dans un état dans lequel on n'a pas envie de se montrer après 4 mois de mariage. J’avais peur qu’il ne tienne pas le coup, qu’il craque et qu’il m’abandonne.

Mais non, Benoît était là, solide, m’aimant. Comme il me l’avait dit avant notre mariage en me disant : “C’est toi que j’aime”. Quelle belle preuve d’Amour. Ça nous a tellement rapprochés ! Nous étions dans cette réalité, à laquelle nous ne pensions pas quand on s’est dit le jour de notre mariage, “pour t’aimer dans la santé et dans la maladie tous les jours de notre vie”.


Un an plus tard, nouvelle hospitalisation brutale toujours dans le Sud où j’avais mon suivi médical, alors que Benoît était dans le Nord. Cette fois-ci, ça a duré quatre mois et demi avec un risque vital engagé qui a finalement abouti à une greffe d’urgence, ce qui m’a sauvé la vie. Il m’a encore tellement montré sa solidité en parcourant 2 000 kilomètres tous les week-ends pour être auprès de moi, vivant dans l’incertitude de me retrouver ou pas une semaine après.


Oui, la maladie fait partie de mon histoire de vie et aujourd’hui de notre histoire de couple. Peut-être que certaines parmi vous ont une maladie, visible ou pas. Je ne veux surtout pas vous donner de leçon, de mode d’emploi. Simplement vous partager mon témoignage et vous dire que la maladie n’est pas forcément un frein à une relation et à une vie de couple. Mais elle prend la place qu’on lui donne. Elle nous met à nu et fait tomber les masques, c’est vrai. Mais qui n’a pas de fragilité ? La maladie oblige à être soi, à ne pas jouer.


Aujourd’hui, je peux dire que ces épreuves m'ont fait grandir et nous ont fait grandir en couple. Elles ont fortifié notre Amour. Elles nous rendent plus à l’écoute de la fragilité des autres et nous aident en couple à traverser d’autres difficultés, car il y en a de tout ordre tout au long de la vie !


Marie-Liesse




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