Les sentiments, émotions, ressentis des autres, nous les connaissons rarement. En tout cas, tant que rien n’est exprimé, nous ne pouvons pas les connaître. Ainsi, nous ne nous rendons pas compte que les personnes qui nous entourent ont des émotions à notre égard, des attentes, ou même des déceptions. Et souvent, alors que nous imaginons bien faire… Ce n’est pas forcément le cas.
Je vous explique.
Cette semaine, j’ai organisé une belle surprise. Une surprise qui a ému aux larmes ma petite maman. Elle vient d’avoir 70 ans, et nous nous sommes tous retrouvés pour l’entourer le jour J. Sauf qu'elle ne s’y attendait pas.
Elle nous a partagé que cela faisait plusieurs jours qu’elle était triste de ne pas se savoir entourée pour son anniversaire, de ne pas savoir qu’on prenait soin d’elle, de ne pas savoir qu’on organisait quelque chose pour la fêter. Et nous de notre côté, cela faisait plusieurs semaines que nous préparions une surprise, et donc que nous n’osions pas l’appeler par peur de "gaffer", par peur de gâcher la surprise. Alors nous l’avons presque tous "abandonné", baratiné, pour que la surprise soit totale. Mais avons-nous bien fait ?
J’ai envie de dire oui, car elle a été émue aux larmes dimanche dernier. Oui, car elle a vécu plusieurs heures de grand bonheur. Oui, parce que la surprise a été parfaitement réussie.
Mais en même temps, est-ce que ça valait le coup de lui faire vivre plusieurs semaines de tristesse ? Eh bien, avec le recul, je ne suis pas certaine, car pour moi, nous ne sommes pas obligés de passer par la tristesse pour ressentir la joie.
Et je crois que ce sujet peut être un bon parallèle à faire avec les relations amoureuses.
Imaginez, un homme s’intéresse à vous sans vous le dire. Mais vous sentez bien qu’il a une attention particulière à votre égard. Et comme vous trouvez qu’il n’a pas "tout" ce que vous voulez, vous le mettez de côté, vous le fuyez, vous arrêtez de répondre à ses messages, en espérant qu’il comprenne que vous n’êtes pas intéressée. Il finit donc par comprendre, sans qu’il y ait eu de mots, et donc il ressent une profonde tristesse. Il se trouve qu’avec le temps vous apprenez à le connaître, vous découvrez chez lui des choses qui vous plaisent, et vous finissez par vous intéresser à lui. Mais que s’est-il passé : il a vécu une phase de tristesse en prenant le temps de tourner la page, et vous vous revenez. Mais est-il capable de ressentir maintenant de la joie ?
Imaginez vous venez de démarrer une histoire et vous avez envie de dire à l’autre qu’il vous manque, que vous l’aimez, ou que vous avez envie de passer du temps avec lui. Et parce que vous ne savez pas ce qu’il va ressentir, parce que vous avez peur de sa réaction, parce que vous ne savez pas vraiment comment faire, vous ne dites rien. Et lui, ne recevant rien de votre part, pense que vous n’êtes pas attachée à lui. Et donc il est triste. Dans votre tête, vous ne parlez pas pour ne pas le brusquer, dans sa tête, vous n’y allez pas, car vous n’avez pas de sentiment pour lui. Il est donc profondément triste, se détache de vous… Vous sentez que vous le perdez et finissez au bout d’un certain temps par lui dire enfin vos sentiments. Mais est-il capable après cette tristesse de ressentir de la joie ?
Dans ces deux situations, l’homme a donc vécu une vraie tristesse, pour vivre ensuite une profonde joie. Mais, sommes-nous obligés de passer par la tristesse pour ensuite ressentir la joie ?
Eh bien, je crois que nous devons arrêter d’aller à tout prix chercher à vivre cette tristesse. Et pour cela, nous devrions apprendre à montrer aux autres qu’ils ont de la valeur. Même s’ils ne nous intéressent pas. Simplement en leur disant par des mots ce que nous ressentons, ce que nous imaginons, ce que nous aimerions vivre. Mais aussi en prenant le temps de dialoguer, de dire, d’apprendre à connaître, et d’être adulte face à l’autre.
Car cette tristesse, je crois, peut être présente si elle clôture quelque chose. Si elle ferme une porte. Si elle est la conclusion d’une histoire. Mais elle ne peut pas être bancale, présente "à moitié", ou fausse. La tristesse, soit elle est totalement là, soit elle n’a pas à être présente.
Et trop souvent dans les relations amoureuses, nous avons cette tristesse qui débarque, car nous n’avons pas été jusqu’au bout. Car nous n’avons pas tout dit, car nous sommes allés trop vite pour nous débarrasser de quelque chose qui semblait nous gêner. Et c’est le cas aussi lorsque nous sommes tellement à fond dans nos quotidiens, que nous oublions les personnes qui nous entourent. Nous tentons de faire plaisir, mais nous pensons en premier à notre "gueule". Nous essayons de donner, mais nous oublions ce que les autres peuvent ressentir, éprouver et vivre. Et nous arrivons comme un boulet de canon, avec tout plein de bonnes intentions, sans avoir perçu le mal, le manque ou la tristesse des autres.
Apprendre à connaître l’autre, dialoguer, dire les choses, dire ce qui nous traverse l’esprit, dire ce qui nous gêne, nous embête, nous énerve, nous agace, c’est cela que nous devons vivre ! Pour arrêter d’apporter une "fausse" tristesse dans nos relations. Soyons sincères et vrais, et montrons à chaque personne qu’elle est digne d’intérêt. Car même si nous ne voulons pas aller plus loin, chaque personne a de la valeur.
Et pourtant trop de personnes dans nos vies nous ont fait croire que nous n’avions pas d’intérêt, que nous n’étions pas aimables, ou que ce que nous étions ou faisions n’avait aucune valeur. Et ça ne nous aide pas à avancer dans notre vie, à être heureux avec nous-même et à rencontrer quelqu’un.
Donc osez montrer de l’intérêt à tous ceux que vous rencontrez, croisez, ou fréquentez. Montrez-leur qu’ils ont de la valeur, car chaque être humain a une profonde et réelle valeur. Et apprenez à dire les choses, à ne pas rester "dans le flou", à ne pas faire croire, mais à amener l’autre à considérer qu’il est un être humain à part entière.
Si je reprends l’exemple du début, je me dis que nous aurions pu inventer un rassemblement familial à une date ultérieure, pour que ma mère n’ait pas cette tristesse, mais qu’elle soit davantage dans la patience, dans le temps présent, dans l’attente de vivre un vrai bonheur, et qu'elle se sente digne d'intérêt. Et là, par peur de "gaffer" nous avons préféré la laisser dans sa tristesse. Mais quelle horreur !
Osons dire lorsqu’on ne sait pas, osons passer du temps avec l’autre si on ne le connaît pas, osons donner une perspective si elle est nécessaire, osons dire "je t’aime" si nous en avons envie, osons mettre de la joie dans nos vies pour qu’elle prenne une place bien plus intense et belle que la simple tristesse du quotidien… Bref, osons considérer les sentiments des autres, sans les bafouer, sans les stopper, mais en les prenant en compte dans chacune de nos actions !
♡
Marie-Liesse
Coucou, je suis tout à fait d’accord avec ce que tu as dit ! Il est important d’exprimer ses sentiments et surtout de prendre notre courage à deux mains pour dire ce que l’on pense afin qu’il n’y ait pas d’incohérences. Parfois, le silence crée des situations qui ne devraient même pas exister.